Il n’est pas rare que l’innovation trouve ses racines dans le passé ! En ce qui concerne la collection Fleurs Inoubliables de L’Occitane en Provence, l’aventure a commencé par une plongée dans les archives – notamment celles de la Villa Saint-Hilaire et du Musée International de la Parfumerie, à Grasse – pour retrouver les fleurs autrefois utilisées par les maîtres parfumeurs. Ce travail titanesque a permis de constituer une base de données de plus de 800 plantes à parfum, dont certaines avaient été totalement oubliées. Parmi ces 800 plantes, trois ont été sélectionnées pour constituer la nouvelle collection : le mélilot [1], la noble épine [2] et la barbotine [3].
Une base de données de 800 plantes à parfum
Tout a commencé en 2015, lorsque la marque s’engage à soutenir la thèse sur “Les Plantes à parfums oubliées” de la chercheuse Anne-Sophie Bouville.
« Le projet était de libérer la connaissance autour de ces fleurs, oubliées en parfumerie, mais parfois connues dans d’autres domaines. Il y avait aussi une dimension philanthropique d’ouverture et partage de la connaissance avec le grand public », explique Anne-Sophie Bouville, Doctorante à l’institut de Chimie de Nice (Université Côte d’Azur, CNRS) puis Chef de projet Parfum actif, L’Occitane.
En effet, si certaines plantes, comme la rose, le jasmin ou l’iris, sont utilisées en parfumerie depuis l’Antiquité et à travers les âges, d’autres utilisées à certaines périodes et ne le sont plus aujourd’hui. Parfois, cette désaffection s’explique par la substitution par un ingrédient de synthèse ou par des contraintes réglementaires. Mais dans d’autres cas, la raison peut rester inconnue.
Pour identifier ces plantes à parfum oubliées et développer des matières premières cosmétiques innovantes, plusieurs centaines de livres ont été étudiés, certains remontant à l’Antiquité, et de nombreux experts (anthropologues, archéologues, botanistes, historiens, linguistes, parfumeurs, théologiens, etc.) ont été interrogés. Des informations ont été recueillies sur l’identité, l’histoire, la symbolique, les usages, l’odeur, les propriétés médicinales et des hypothèses sur les raisons de l’oubli des plantes.
Au-delà de leurs propriétés et de leur potentiel olfactif, les quelque huit cents plantes à parfum rassemblées dans une base de données unique ont été confrontées à un cahier des charges strict et étudiées à l’aune des critères industriels et agricoles de L’Occitane pour évaluer leur intérêt en parfumerie et cosmétique.
Trois univers olfactifs chargés d’histoire
Cet impressionnant travail de recherche a donné lieu à un brevet, à trois publications scientifiques, et au lancement à l’automne 2023, d’une collection de parfums de cosmétiques chargée de sens et d’histoire.
« Il est très rare en recherche de voir l’aboutissement concret de son travail. La force de cette collaboration du monde de la Recherche avec L’Occitane est de rendre la connaissance universitaire tangible et compréhensible pour le grand public », souligne Xavier Fernandez, Professeur des Universités en Chimie et vice-Président Innovation de l’Université Côte d’Azur à Nice.
Pour la création de ces parfums inédits, L’Occitane a travaillé avec des parfumeurs de renom auxquels il a été demandé de valoriser l’histoire et la personnalité de chacune des trois fleurs sélectionnées.
Pour la ligne Melilot, Julie Massé et Véronique Nyberg, parfumeures chez Mane, se sont détournées de l’absolue de la fleur pour lui préférer la technique de l’infusion. L’utilisation de cette fleur, délaissée par la parfumerie moderne au profit de la coumarine, une molécule de synthèse, plus accessible, a été « tout à fait fascinante », selon Julie Massé.
Pour Noble Épine, le choix de l’absolue de fleur fraîche s’est imposé et Shyamala Maisondieu, parfumeure Givaudan l’a interprétée dans un parfum trendre et délicat.
Enfin, pour Barbotine, l’huile essentielle de la plante a été mise en parfum par Fabrice Pellegrin et Ilias Ermenidis, de Firmenich. Les notes olfactives du parfum présentent une sophistication florale tout en révélant un parfum aromatique frais.
« Ramener des fleurs oubliées au cœur de la création olfactive est une aventure unique, un défi », conclut Fabrice Pellegrin.