Les molécules du bonheur et du bien-être sont la dernière tendance en matière de cosmétiques. L’engouement pour les cosmétiques à base de cannabidiol (CBD) est un des nombreux signes cette tendance « happy skin ». Toutefois, les obstacles réglementaires liées à l’utilisation de cette substance incitent les fabricants d’actifs cosmétiques à s’orienter vers d’autres molécules.
À l’occasion du salon in-cosmetics Global, qui s’est tenu à Paris au début du mois, Givaudan a ainsi présenté Sensityl, un actif d’origine marine aux vertus apaisantes pour la peau mais qui serait également capable d’influencer positivement l’humeur des consommateurs. « Les consommateurs ont de moins en moins de difficultés à accepter leurs rides, » explique Pauline Martin, Global Communications & Events Manager, chez Givaudan. « En revanche, ils veulent se sentir bien dans leur âge ».
Pour démontrer les effets de son ingrédient sur l’humeur des utilisateurs, Givaudan a utilisé des protocoles de tests développés au sein de sa division parfums. « La mission principale de l’industrie de la beauté est d’apporter de l’émotion au consommateur, on arrive aujourd’hui à prouver scientifiquement cet effet », souligne Pauline Martin.
Dans la même logique, Seqens a testé l’impact émotionnel de Glycuron 2.78, un actif biotechnologique favorisant l’hydratation et la régénération cutanée présenté à in-cosmetics 2019 à Paris. Évalué contre placebo selon un protocole développé par la société Spincontrol, Glycuron 2.78 a fait la preuve de sa capacité à améliorer de manière significative la perception de l’image de soi.
« L’image de soi est un élément très important de la tendance bien-vieillir, qui correspond à un changement majeur dans la façon dont les femmes vivent leur âge », explique Aïna Queiroz, Responsable Innovation et Communication Scientifique chez Seqens.
Un point de vue partagé par Solabia. Le fournisseur français d’actifs estime qu’aujourd’hui « on ne cherche plus à cacher à tout prix ses rides, mais on veut surtout être harmonie avec son corps et son image ». Solabia a ainsi présenté à in-cosmetics 3Dermilyn, un actif d’origine végétal obtenu à partir de graines de plaintain lancéolé (Plantago lanceolata) issu d’une filière biologique responsable. 3Dermilyn est particulièrement riche en mucilage, un polysaccharide capable de retenir de grandes quantités d’eau.
Selon Solabia, l’actif offre trois types d’action sur la peau : une action structurelle en renforçant l’architecture de la peau, une action sensorielle grâce à son toucher unique, et une action émotionnelle en stimulant la sensation de bien-être cutané, limitant ainsi les conséquences du stress.
Testé in vitro contre placebo sur des kératinocytes, 3Dermilyn a montré sa capacité à augmenter la libération de dopamine (+19%) et de sérotonine (+12%), deux molécules connues pour leurs effets positifs sur l’humeur.
Les consommateurs peuvent-ils pour autant s’attendre à bientôt connaître une vague de bonheur et de bien-être inégalée grâce à des crèmes révolutionnaire ? Certains fournisseurs appellent à la prudence vis-à-vis de revendications excessives.
« Les liens entre le bien-être physiologique et le bien-être psychologique sont connus depuis longtemps », souligne Edith Filaire, Directrice Scientifique du Groupe Greentech. « On sait que le vieillissement s’accompagne d’une diminution de l’estime de soi, ces changements psychologiques peuvent aussi être liés aux changements de l’imprégnation hormonale. L’application d’une crème de soin peut induire un mieux-être, mais celui-ci doit être quantifié à l’aide de tests validés scientifiquement ».
Dans cette optique, Greentech a présenté à in-cosmetics les résultats de nouvelles études sur Hebelys, l’actif biotechnologique dédié aux peaux matures lancé en 2018 en partenariat avec Deinove. Des tests effectués sur un échantillon de 24 volontaires âgées de 60 à 70 ans ont ainsi mis en évidence une amélioration de l’estime de soi (+10,5%) et de l’humeur (+9%).
L’approche émotionnelle offre sans aucun doute de nouvelles possibilités d’innovation pour l’industrie des cosmétiques. Marques et fournisseurs devront toutefois prendre soin d’étayer solidement leurs revendications dans le cadre d’une conception plus holistique de la beauté.