En Europe, quatre entreprises sur cinq n’arrivent pas encore à réduire leur empreinte carbone au rythme nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques du continent, selon un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) et du cabinet de conseil Oliver Wyman publié mardi.
« La plupart des entreprises ont du mal à modifier leurs modèles d’entreprise au rythme et à l’échelle » nécessaires, ces modèles plus respectueux de l’environnement étant « généralement moins attrayants et plus risqués (pour les entreprises et les investisseurs, ndlr) que les modèles existants », explique Bruno Despujol, responsable des bureaux de Paris et de Bruxelles du cabinet Oliver Wyman.
Investissements insuffisants
Or, avec l’ambition de s’aligner sur l’objectif européen de -55% d’émissions d’ici 2030 par rapport à 1990, il y a « nécessité à accélérer considérablement les efforts », alarme l’étude, qui porte sur 1600 entreprises européennes - incluant les britanniques - représentant 89% de la capitalisation boursière du continent.
Le frein principal à une transition plus rapide : des niveaux d’investissement insuffisants. Seulement un quart des dépenses d’investissement (CapEx) des entreprises revient « à des projets alignés avec leurs plans de transition ou avec les règles de la taxonomie européenne » (un ensemble de normes et des critères communs pour évaluer les performances environnementales des activités économiques en Europe).
Des politiques publiques plus ciblées
Parallèlement, « les politiques publiques n’ont pas encore suffisamment modifié le paysage économique en faveur de produits et de services plus écologiques » et devraient soutenir davantage certains secteurs, pointe le rapport.
Ainsi, « d’ici à 2030, il pourrait manquer 285 milliards d’euros aux compagnies d’électricité pour réaliser les investissements nécessaires dans les énergies renouvelables et la modernisation des réseaux », essentiels pour de nombreux secteurs comme les transports et l’industrie.
CDP et Oliver Wyman appellent à une plus grande collaboration au sein du secteur financier « afin de répartir les risques » entre les différents acteurs sur la transition climatique.