Le risque de cancer de la peau diminue chez les moins de 50 ans, explique à l’AFP Hildur Helgadottir, professeure associée d’oncologie à l’Institut Karolinska et auteure principale d’une étude publiée dans la revue médicale JAMA Dermatology [1].

"Inversion de tendance autour de 2015"

Ce recul est probablement largement attribuable à une prise de conscience accrue de la nécessité de protéger la peau du soleil et à un moindre accès aux solariums, a-t-elle ajouté.

"Il y a eu une inversion claire et significative de tendance autour de 2015", explique-t-elle.

"Avant 2015, les trentenaires connaissaient une augmentation (du cancer de la peau) de 5% par an en moyenne. Mais depuis 2015, cela a diminué en moyenne de cinq pour cent par an", a-t-elle déclaré.

Pour les plus de 50 ans, le taux d’incidence du cancer de la peau "augmente d’au moins 5% par an et la hausse s’accélère avec l’âge", ajoute-t-elle.

Bien que les chercheurs n’aient pas analysé les causes de la baisse de l’incidence du cancer de la peau, ils estiment que plusieurs facteurs principaux ont joué un rôle.

Campagnes de prévention

Le premier facteur qui pourrait avoir réduit l’incidence du mélanome est une sensibilisation accrue à l’importance de la protection solaire.

« Dans les années 1990, la première campagne nationale ‘Sun Safe’ a mis l’accent sur l’importance de protéger les enfants. Environ 20 ans plus tard, nous pensons que cela a conduit à une réduction de l’incidence de la maladie chez les jeunes adultes », souligne Hildur Helgadottir.

Outre une meilleure protection, l’âge minimum fixé en 2018 à 18 ans pour accéder aux solariums en Suède et un recul depuis bien plus longtemps du nombre de ces solariums ont eu un rôle.

Le téléphone mobile et les ordinateurs ont également probablement joué un rôle, les jeunes passant plus de temps en intérieur et sont donc moins exposés au soleil, a ajouté Mme Helgadottir.

Elle souligne toutefois que cette tendance est plus récente et "n’a pas encore eu un effet significatif".

L’étude ne fait d’ailleurs aucun commentaire sur les risques potentiels pour la santé associés aux téléphones portables ni sur les éventuels bénéfices pour la santé des enfants de passer plus de temps à l’extérieur.

Enfin, l’immigration pourrait également avoir joué un rôle, car elle signifie qu’il y a davantage d’individus en Suède avec une pigmentation plus foncée qui supportent mieux le soleil.

Pas de baisse chez les plus de 60 ans

En termes de mortalité due au cancer de la peau, le recul est visible jusqu’à 59 ans mais pas pour les plus de 60 ans.

La diminution de la mortalité dans les groupes plus jeunes est attribuée à la fois à une réduction de l’incidence du cancer de la peau et à l’introduction de nouveaux médicaments anticancéreux qui ont amélioré le pronostic de la maladie.

Chez les personnes âgées, la mortalité ne diminue pas car l’incidence de la maladie est encore très élevée, a précisé la chercheuse.

Alors que la sensibilisation à l’importance de la protection semble reculer au sein des plus jeunes générations, ces résultats soulignent le rôle crucial des campagnes de prévention.