Après une phase d’études initiales lancée en janvier 2024, une coalition réunissant treize marques de l’industrie cosmétique (Aderma, Aroma-zone, Avène, Chanel Parfums Beauté, Clarins, Ducray, Estée Lauder Companies pour la marque Clinique, Laboratoires SVR, La Rosée, Lancôme, Melvita, Vichy, Yves Rocher) et deux distributeurs (Nocibé et Sephora) se lancent dans l’expérimentation du réemploi des emballages.
Tests en points de vente
Après plusieurs mois de travaux en partenariat avec le cabinet We Don’t Need Roads et l’éco-organisme Citeo, qui apporte financement et expertise opérationnelle, l’expérimentation de réemploi pour les contenants cosmétiques a démarré dans huit points de vente [1] dès septembre 2024, avec un élargissement prévu en 2025 à une quarantaine de boutiques Sephora et Nocibé à travers la France.
Le projet couvre près d’une centaine de références (crèmes de soin, sérums, compléments alimentaires, gels douche, shampoings, etc.) qui ont été sélectionnées pour couvrir les besoins quotidiens des consommateurs et les encourager à opter pour la consigne. Dans le cadre de ce test, les emballages collectés seront triés, ceux aptes au lavage seront lavés puis restitués aux marques en vue d’un contrôle interne de qualité. Ils ne seront pas remis en circulation.
Une PLV visant à informer sur le dispositif de collecte et à indiquer les produits concernés a été installée dans les points de vente concernés par l’expérimentation. Après utilisation, les clients pourront rapporter leurs contenants vides en échange d’une rétribution financière immédiate, adaptée selon les typologies des produits.
Dans le cadre de l’extension du test aux boutiques Sephora et Nocibé début 2025, une autre mécanique d’incitation sera testée : le consommateur sera invité à rapporter son contenant en caisse en échange de points de fidélité.
Surmonter les défis du réemploi
« L’introduction d’un modèle de réemploi nécessite de repenser profondément la chaîne logistique en particulier la logistique inversée et le lavage des contenants, deux piliers essentiels pour garantir la viabilité du réemploi à grande échelle », souligne les différentes parties prenantes dans un communiqué.
Dans le cadre de l’expérimentation, les contenants sont transportés des points de vente vers des centres de tri et de lavage grâce à un système de transport mutualisé, optimisant ainsi les flux logistiques. Une fois au centre de tri, les emballages sont comptabilisés, triés, puis orientés vers le réemploi ou le recyclage en fonction de leur compatibilité au lavage.
Parallèlement, des tests sont réalisés pour identifier les meilleures méthodes de lavage adaptées à chaque type de contenant cosmétique, et contrôler la qualité du lavage sur le plan physique, esthétique et microbiologique. Ces processus, une fois validés, permettront un lavage à plus grande échelle dès mi-2025, après la première collecte en points de vente.
Pour analyser les bénéfices réels du réemploi des contenants cosmétiques, des analyses de cycle de vie (ACV) sont menées afin de comparer, entre autres critères d’impacts environnementaux, les émissions de CO2, la consommation d’eau et l’énergie entre les modèles à usage unique et réemployables. En parallèle, une modélisation économique à l’échelle de la filière sera réalisée en 2025, avec pour objectif d’identifier les conditions de performance économique d’un système de réemploi déployé à grande échelle.
« Cette phase d’expérimentation est une opportunité clé pour recueillir des apprentissages sur la faisabilité du réemploi des contenants cosmétiques. L’objectif est de mieux comprendre ses impacts, afin de pouvoir ajuster nos approches en fonction des résultats obtenus et envisager un déploiement à plus grande échelle », explique Arnaud Lancelot, directeur chez We Don’t Need Roads.