La Chine a dévoilé cette semaine un ensemble de mesures destinées à relancer son économie, frappée par des difficultés sans précédent, notamment une crise du secteur immobilier et une consommation en berne. Ces mesures de relance font suite à des mises en gare concernant la nécessité d’un soutien public accru pour remettre la deuxième économie mondiale en ligne avec ses objectifs de croissance pour 2024.

Crise inédite

Habituée à des taux d’expansion supérieurs à 7% depuis le début des années 2000, la Chine a été le moteur de la croissance mondiale en devenant un très puissant débouché pour les produits vendus par les entreprises étrangères ainsi que l’atelier du monde. Elle représentait à elle seule près de 15% du commerce mondial en 2020, selon l’ONU.

Mais après avoir subi le ralentissement lié à la pandémie, la Chine est en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, une confiance morose des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l’Union européenne menacent son commerce extérieur.

Dans ses dernières prévisions mondiales publiées mardi, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pointait "la faiblesse de la demande de ses consommateurs et la correction profonde en cours dans le secteur immobilier" comme un frein à la croissance dans le pays, attendue à 5% par le gouvernement.

Retour à l’optimisme ?

Faute de cette locomotive, et malgré le dynamisme des États-Unis, l’économie mondiale peine à se relancer depuis la pandémie d’autant que l’inflation et les hausses de taux d’intérêt des quatre dernières années ont fortement pesé sur la plupart des régions. Mais la relance chinoise, et la baisse progressive des taux d’intérêt dans le monde pourraient inciter à l’optimisme.

Les annonces de la Chine ont de quoi soulager le moral de nombreuses entreprises internationales. Ce sont les secteurs les plus dépendants de la Chine qui ont profité de l’espoir de rebond de la consommation dans ce pays. À commencer par les grands acteurs du luxe, qui lui vendent beaucoup de leurs produits.

Le numéro un mondial LVMH s’est envolé de près de 18% sur l’ensemble de la semaine en Bourse. Richemont, propriétaire de Cartier, a pris 17%.

Les mesures chinoises "devraient être une bonne nouvelle pour les producteurs de matières premières, les actions liées au marché immobilier chinois et hongkongais, et les entreprises européennes qui vendent au consommateur chinois", a déclaré Kathleen Brooks, directrice de recherche chez le courtier XTB. "Ce plan pourrait soutenir l’activité du secteur allemand des voitures de luxe en difficulté, ainsi que celle des grandes maisons de luxe françaises", a-t-elle ajouté.

Incertitudes persistantes

Pour plusieurs analystes, il semble qu’il est toutefois trop tôt pour se réjouir.

Ce nouveau plan de relance "ne résout pas les problèmes structurels du pays, un chômage des jeunes qui a explosé, une consommation effondrée, un marché immobilier en crise", tempère Nicolas Forest, responsable des investissements au sein de la société Candriam.

Outre les difficultés en interne que connaît la Chine, d’autres facteurs pourraient de nouveau peser sur la deuxième économie mondiale, au premier rang desquels les élections américaines et le risque de tarifs douaniers massifs contre ses exportations.

Dans une note analysant les effets des mesures annoncées par Pékin cette semaine, les économistes de la banque américaine Goldman Sachs ont maintenu inchangées leurs prévisions de croissance de 4,7% cette année et de 4,3% l’an prochain, pointant des incertitudes "quant à l’ampleur et à l’efficacité" de la relance et les élections américaines.

Concernant le secteur des cosmétiques, Marc-Antoine Jamet, le Président de Cosmetic Valley, l’un des principaux pôle mondiaux de l’industrie de la beauté, a souligné devant la presse professionnelle, en amont du salon Cosmetic 360, les tensions persistantes au sujet des réglementations, et un risque de "prise en otage du luxe" dans les conflits commerciaux.