Le géant français des cosmétiques L’Oréal a fait état, mardi 22 octobre, de ventes en légère progression au troisième trimestre à 10,28 milliards d’euros (+3,4% en données comparables et taux de change constant), en deçà des attentes, alors que le groupe se dit confronté à un marché chinois « plus difficile » qu’attendu.
« On a eu des choses qui étaient prévues, comme la normalisation du marché de la beauté », par rapport à trois années de rebond post-Covid, a expliqué à l’AFP le directeur général de L’Oréal, Nicolas Hieronimus. Mais « ce qui était moins attendu ou en tout cas (...) plus mauvais qu’espéré, c’est la situation du marché chinois, qui non seulement ne s’est pas améliorée pendant l’été mais a plutôt tendance à être encore plus difficile », a-t-il ajouté.
De janvier à fin septembre, le chiffre d’affaires progresse de 6% à 32,4 milliards d’euros, ce qui fait dire à M. Hieronimus que L’Oréal « fait une croissance solide sur les neuf premiers mois, malgré les turbulences ».
Le groupe enregistre une croissance dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie du Nord, et dans toutes les divisions, les ventes de L’Oréal Luxe s’accélérant pour le troisième trimestre consécutif.
Recul des ventes en Asie du Nord
Les ventes au troisième trimestre en Asie du Nord reculent de 6,5% (données comparables) à 1,95 milliards d’euros, une sérieuse aggravation par rapport à la baisse de 2,4% enregistrée au cours du trimestre précédent. La région représente un quart des ventes du groupe.
En Chine continentale, « le marché de la beauté, déjà en déclin au deuxième trimestre, continue de se contracter en raison du faible niveau de confiance des consommateurs », selon le communiqué.
« Même sur les produits de luxe », le marché recule d’au moins 10%, a précisé M. Hieronimus à une journaliste de l’AFP.
« Le gouvernement (chinois, NDLR) a annoncé ses différentes mesures de stimulus », mais « c’est trop tôt pour savoir si cela va booster la confiance des consommateurs et la consommation », a-t-il estimé.
Normalisation en Amérique du Nord
En Amérique du Nord, les ventes progressent de 5,2% (données comparables) à 3,1 milliards d’euros sur un marché qui « comme le marché européen, se normalise », selon M. Hieronimus. « On se retrouve avec des niveaux de croissance un peu mieux que le niveau pré-Covid », a-t-il précisé.
Le marché du luxe « est très résilient aux États-Unis contrairement à la Chine et, en revanche, le marché de masse a davantage ralenti, en particulier le maquillage », détaille Nicolas Hieronimus. Le marché du parfum est également « dynamique » alors que les ventes de produits dermatologiques ont « ralenti ».
« Il y a des plus et des moins mais je reste très confiant sur le marché américain quel que soit le résultat des élections américaines », juge le directeur général de L’Oréal. « Il faut bien jouer nos cartes et c’est l’intérêt d’en avoir plusieurs », a-t-il ajouté.
« Stimulus beauté »
« Dans un contexte toujours marqué par les incertitudes économiques et géopolitiques, nous restons confiants (...) et préparons notre propre stimulus beauté pour 2025 », annonce M. Hieronimus.
« On est le leader du marché de la beauté, c’est un marché d’offre, c’est à nous de stimuler le marché », a-t-il expliqué à l’AFP. « Donc ça veut dire que j’ai remobilisé toutes les équipes de L’Oréal pour avoir un plan de lancement (de produits) en 2025 ».
« Quand le marché mollit un peu, c’est notre boulot de le redynamiser », a-t-il estimé. « Aujourd’hui on touche à peu près un tiers des gens qui sont capables d’acheter un produit L’Oréal sur la planète avec l’ensemble de nos marques. Il faut qu’on aille chercher les autres ».
Pour cela L’Oréal entend s’appuyer sur des innovations mais aussi « utiliser son spectre de prix » : « Selon les parties du monde et selon les périodes, vous avez soit le luxe, soit le marché de masse qui sont plus ou moins dynamiques », explique M. Hieronimus, selon qui la force de L’Oréal est de pouvoir jongler entre ces marchés, avec une vaste gamme de produits et de prix.